Visite au CRA (Centre de Rétention Administrative) de Rennes

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20
janvier 2016

Deux rideaux de fer, cinq portes verrouillées, sauf la dernière, et me voilà dans une petite salle blanche, froide : une table, trois chaises, c’est tout ce qu’il y a.

Une pièce insipide dans un lieu qui ne devrait pas exister. CRA : Centre de Rétention Administrative. Le CRA est, en cette journée du 12 janvier 2016, le lieu particulier de ma rencontre du jour.

Caché des yeux de tous, derrière le petit aéroport de Rennes, dans un chemin au bout du bout de la ville, cette prison pour « sans papiers » regorge de personnes arrêtées dans le grand ouest, pour le seul crime de ne pas avoir réussi à justifier sa présence sur le territoire.

Ainsi, s’ils ne sont pas tous rennais, ils le sont entre 5 et 45 jours, le temps que leur situation soit « étudiée ». S. lui, pour ne pas citer son nom dans l’attente de son accord, est ici depuis 24 jours : demain, un nouveau jugement aura lieu. Il est en attente d’une décision comprise entre trois options : le juge peut décider de sa libération, peut prolonger sa détention de 20 jours (maximum possible de rétention en CRA) ou, si un « laissez-passer » consulaire a été obtenu par la France auprès de la Tunisie, il sera expulsé.

Trente minutes, c’est le temps que nous avons pour discuter. En France depuis quatre ans, il risque de devoir quitter son amie du jour au lendemain, ou peut-être pas… là sont les joies d’un système qui enferme avant de décider. Sa vie ici, sa vie avant, ce qu’il attend, ce qu’il espère,… on parle de tout ça, on sourit un peu.

Pendant ce temps, je lui parle du projet, lui, le rennais malgré lui, ne voudrait-il pas témoigner ? On parle longuement du projet et je finis par lui donner deux feuilles blanches, un contrat, une fiche d’information (il parait que cela ne fait que peu peu de temps qu’ils ont droit aux feuilles et aux crayons, on s’en sort bien !). S’il est à priori d’accord pour participer, c’est bien le juge, le 13 janvier 2016, qui déterminera son avenir… Si on retrouve quelque part la trace de son témoignage dans ce projet, c’est qu’il n’a pas été expulsé ce jour, mais bien enfermé vingt jours de plus au CRA de Rennes… (le 12/01/2016).

PS : au 20/01/2016, S. est toujours enfermé au CRA…