J’ai rencontré Pedram durant un cours de français de l’association Langophonies dont les locaux se trouvent au coeur du quartier du Blosne à Rennes. Marjolaine, qui fait partie des fondatrices de l’association, et qui enseigne en son sein, m’a effectivement permis d’assister à plusieurs séances durant lesquelles la question de la lettre a été abordée avec les apprenants. Ces derniers ont ainsi étudié les productions d’un précédent projet de L’âge de la tortue, Partir (deuxième volume), puis se sont vu proposer de participer à L’encyclopédie des migrants.
Suite à un échange collectif sur le projet durant ce cours, Pedram et moi avons discuté et il a décidé de participer. Nous nous sommes ensuite rencontrés à plusieurs reprises pour parler de son parcours, de ses études puisqu’il fait un doctorat en cotutelle entre les universités de Téhéran et de Rennes, mais aussi du projet et des implications de la distance lorsque comme lui, on est amené à migrer loin de chez soi. Si Pedram étudie la géologie à l’Université Rennes 1, c’est davantage autour de questionnements intimes, personnels autant qu’universels, que s’est dirigé son travail d’écriture.
A travers le travail sur la lettre, Pedram m’a ainsi fait part de ses réflexions sur le temps qui passe, sur les difficultés à se connaître soi-même et à comprendre les autres, sur les effets de la distance sur la relation aux proches et aux territoires. Le travail de traduction s’est avéré aussi laborieux que passionnant tant les idées de fond qu’il y évoque sont difficilement transposables en français, tout comme l’esthétique de son écriture. Mais les discussions nous ont progressivement permis de creuser et de nous mettre d’accord sur une production qui rende compte autant que possible, du moins il nous l’a semblé à tous les deux, de ce que souhaitait projeter Pedram avec ce courrier.
Ces rencontres ont aussi été l’occasion d’échanger à propos de poésie persane, de l’histoire littéraire de l’Iran et de l’ancrage culturel que me semblait manifester cette lettre, en même temps que Pedram y exprime sa sensibilité singulière et ses réflexions et sentiments personnels. Il y parle du ciel, des idées et des croyances, et de la terre, des hommes et du quotidien. C’est finalement dans son lieu de travail, son bureau à l’Université Rennes 1, qu’il a ainsi choisi de réaliser son portrait photographiques avec Bertrand Cousseau.
Durant cette séance, Pedram a expliqué à Bertrand ce qu’il étudiait et ce sur quoi portait sa lettre. Spécialisé en géologie souterraine, il a alors eu cette formule : » Je travaille sur les sous-terrains mais ma lettre porte sur le ciel « .
Pedram m’a aussi envoyé quelques-unes de ses propres photos qui viennent illustrer le contenu de sa lettre. Elles nous montrent entre autres choses, à Paris et à Téhéran, le ciel et la terre, l’universel et le particulier, et entre les deux, des croyances et des espoirs humains.